vendredi 20 juin 2014



Des dessins d'anatomie, des réseaux de cellules reconstitués au fil et à l'aiguille sur du tissu, des fruits découpés et recousus, des plaques de bois qui plient sous la pression des fils qui les suturent, et des poulets hybrides dont la chair est cousue, Raphaëlle Protais situe son geste dans le "faire", un faire chirurgical, qui emprunte autant à la médecine qu'à une volonté esthétique de déconstruction et de transformation du connu, de l'acquis.

Partant d'objets et de formes épars, la pratique de l'artiste est marquée par un désir de rassemblement, de reconstitution des matières, qui passe par la greffe d'une forme à une autre, d'un fruit à un autre, d'une peau à une autre.
Dans la mise à mal des matériaux, leur rapprochement et leur imbriquement, dans l'épreuve de force, de minutie et de temps, le processus de réalisation s'apparente à un rituel. La trace, la cicatrice, l'altération de la chair, la prolifération, la dégradation de la matière, l'assimilation d'un élément à un autre pour renouveler un tout, participent d'une sorte de culte à l'hybridité. Fabricant des monstres pour tenter d'appréhender une nouvelle forme de vérité organique, cette « Messe pour un corps » parle aussi de liberté, et des dispositifs qui la répriment.
Elisa Rigoulet, Catalogue des diplomés 2012, Beaux-Arts de Paris éditions



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